Il faut préciser qu’au Sénégal, l’avortement est strictement interdit par la loi et passible de 5 ans de prison. Et que, jusqu’en 2019, une loi interdisait les jeunes filles se retrouvant accidentellement enceintes de poursuivre leur scolarité après l’accouchement.Ces jeunes filles arrivent en général 3 mois avant l’accouchement dans le centre Kullimaaroo et y restent environ 3 mois après, leur séjour pouvant être prolongé de plusieurs mois pour des raisons de difficultés de réinsertion.
L’association a été créée par Marie Ndiey Thiam, ancienne professeur de français, également fondatrice de l’Association des Femmes pour la Paix en Casamance. Les femmes qui ont la charge de ce centre sont enthousiastes et très impliquées dans leur mission : elles apprennent aux jeunes filles à de leur bébé, à coudre, à cuisiner, à tenir un potager… Un atelier batik est également proposé.
Ces jeunes filles sont suivies médicalement (gynécologie, pédiatrie) et accouchent à l’hôpital. Une psychologue assure un suivi sur place pour d’éventuels troubles traumatiques.
L’assistante sociale a une mission de médiation et de réintégration de la jeune fille dans son milieu familial. Souvent rejetée, elle peut être placée dans une famille d’accueil. L’association travaille étroitement avec l’AEMO (Association Educative en Milieu Ouvert) de Ziguinchor, structure qui dépend du Ministère des Affaires Sociales.
Une nouveauté, cette année : Kullimaaroo, après les accouchements, amène les jeunes, en fonction de leur âge, à reprendre des études au collège ou au lycée. Ou encore vers des formations professionnelles : hôtellerie, couture… Depuis son ouverture en 2015, la Maison a aidé 232 jeunes filles. En ce moment, elle accueille 12 très jeunes filles, au regard tristement bouleversant…
Une belle réussite pour les responsables : cette année, une vingtaine d’anciennes sont revenues pour leur apporter leur aide et repèrent dans leur quartier les jeunes victimes de violence. Elles interviennent dans les collèges pour informer et faire de la prévention.
L’objectif de Kullimaaroo est d’agrandir la structure et de créer une crèche-pouponnière pour aider les jeunes mamans à se réinsérer. Le gouvernement sénégalais s’est dit très intéressé par cette magnifique réussite mais l’absence de budget empêche tout développement. Kullimaaroo ne perçoit aucune subvention gouvernementale et ne fonctionne que grâce à des dons d’associations étrangères (Autriche, Canada, France…). Double Horizon et Kullimaaroo sont partenaires depuis plusieurs années.
A chaque mission, nous visitons la Maison des Femmes en apportant traditionnellement une grosse valise de vêtements neufs pour bébés, ce dont manquent cruellement les jeunes mamans et l’association. Et depuis la dernière rentrée scolaire, nous accompagnons financièrement 2 jeunes mamans, Aminata et Louise, dans une formation professionnelle, l’une en couture, l’autre en restauration, pour qu’elles puissent trouver rapidement une autonomie indispensable.